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Colloque du 26 juin 2009

15 juin 2009

Colloque du 26 juin 2009

Colloque d’histoire moderne et contemporaine et d’histoire du droit consacré à la Corse, par les doctorants et docteurs de l’Université de Corse, étudiants des professeurs MM. COPPOLANI et SERPENTINI.

Lieu: Salle des délibérations du Conseil Général de Haute-Corse, de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures.

Intervenants: – 9 h 30 M. Denis Jouffroy: La paysage oléicole insulaire à l’épeurve du Plan terrier

Durant près de 25 ans, les ingénieurs et les géomètres du Terrier ont réalisé une véritable photographie du territoire insulaire et, par conséquent, de l’agriculture corse façonnée depuis la fin du XVIe siècle, par la mise en valeur arboricole orchestrée par Gênes. Cette oeuvre magistrale fournit une situation, semble-t-il, détaillée de l’oléiculture corse à la fin du XVIIIe siècle. Pour chaque communauté, a été réalisé un recensement des pieds d’oliviers, des terres oléicoles et des espaces susceptibles d’être voués à cet arbre.
Les résultats montrent une importance relative de cette culture sur l’ensemble du territoire avec des disparités régionales fortes. En revanche, les zones oléicoles historiques de l’île (la Balagne, le Nebbiu, le Cap-Corse…) apparaissent clairement.
Cependant, une analyse minutieuse des données du Terrier, associée à d’autres sources historiques, fait apparaître certaines incohérences concernant la corrélation entre surfaces oléicoles et nombre d’oliviers répertoriés. Le traitement des informations relevées n’a, semble t-il, pas connu une rigueur constante sur l’ensemble de l’espace insulaire.

– 10 h Dr Paul GHERARDI: De la conquête française à la Restauration: la médecine en Corse au temps de Napoléon.

L’époque de l’annexion française est, pour la Corse, celle de la rupture avec son passé pluriséculaire de domination génoise et surtout celle de la fin de l’Etat-nation de Pasquale Paoli mis en place en 1755.
Elle annonce les prémices de l’intégration de l’Île à la nation française dont Napoléon fut le promoteur, pour ne pas dire la clef de voûte.
Intégrant cette donne, notre étude apporte un éclairage sur la médecine en Corse durant la période de 1769 à 1821 en s’attachant à faire le point sur ses différents aspects : celui de l’installation d’hôpitaux militaires dans les principales villes ; celui de la population médicale locale et de sa formation ; celui des facteurs de morbidité, en mettant l’accent sur le cas des enfants abandonnés ; celui des maladies répandues dans l’île ainsi que des moyens thérapeutiques existant alors et permettant de lutter contre certaines d’entre elles.

– 10 h Mlle Laetizia CASTELLANI: La perception de la mort en Balagne: Permanences et évolutions de la fin du XVIIème siècle à la fin du XIXème siècle.

La mort est la dernière des grandes étapes de la vie en donne lieu pour le chrétien au dernier des sacrements. En Balagne, comme ailleurs, sa perception a évolué au fil du temps. Les testaments sont un bon poste d’observation des pratiques autour de la mort, à un moment donné. A l’époque moderne, ils restent fortement marqués par la piété baroque. Celle-ci se caractérise par la présence, autour du corps du défunt, d’un clergé nombreux et par de multiples clauses pieuses.Le passage de la « mort de soi » à « la mort de l’autre » ne se fait pas ici de manière brutale.Les premiers signes d’un changement apparaissent à la fin du XVIIIe siècle. Parallèlement, les testaments perdent, peu à peu, leur vocation religieuse et deviennent davantage des actes juridiques à organiser la dévolution du patrimoine.
Autre évolution importante dans le rapport à la mort, les défunts sortent des églises pour peupler désormais les cimetières qui, avec le développement du culte du souvenir, deviennent le lieu d’expression privilégié de la « mort de toi ».

– 11 h Dr Gérard CIANELLI: Le contrat de mariage dans la communauté de Tavagna au XVIIIème siècle.

La communication portera sur les contrats de mariage et plus particulièrement sur :
– L’étude chiffrée des dots dans les contrats de mariage, rédigés entre 1754 et 1787 (les contrats de mariages, comme les actes testamentaires sont les plus riches sources d’information pour le classement social de la population) .
– Les stratégies matrimoniales 1754-1787 : qui épouse qui .
– Les sentiments et le mariage (en dehors de ce contrat toute relation est déclarée illégitime) .
– La composition de la dot.
– La comparaison entre la dot et la part d’héritage des filles.
– Les dots dans les actes autres que les contrats de mariage, quittances de versement, cas du décès de l’épouse, estimations de dots et conflits au sujet du versement de la dot.

– 11 h 30 Mlle Vanessa ALBERTI: Le commerce de la librairie en Corse de 1810 à 1848.

Objet d’enseignements, de découvertes ou de divertissements, le livre représente également un produit inséré dans un réseau commercial.
Après des débuts timides en Corse, la librairie prend de l’ampleur avec la législation de 1810, mise en place par Napoléon. Celle-ci établit des règles strictes pour le métier de libraire mais aussi pour la librairie venant de l’étranger.
Des libraires s’établissent à Bastia et à Ajaccio sous la Restauration et la Monarchie de Juillet et ce, malgré le marché restreint.
La profession est alors très hétérogène : allant du quincaillier qui vend quelques ouvrages sur ses étalages aux grands libraires qui ouvrent des cabinets de lecture et entretiennent des relations avec leurs homologues du continent comme la maison Hachette.
L’étude des publicités, concernant les diverses publications présentes dans les colonnes des journaux, permet, quant à elle, d’établir leur catalogue et d’appréhender ainsi les goûts des lecteurs insulaires.

– 12 h M. Jean-Baptiste RICCI: Les soldats corses au service de Gênes dans les guerres contre la Savoie au XVIIème siècle.

 

La Savoie, cherchant à étendre son territoire donnant sur la mer, entra souvent en conflit avec Gênes pour lui enlever une partie de la Rivière du ponant. Les difficultés de voisinage atteignirent leur paroxysme à deux reprises, en 1625 et 1672.
Lors de ces guerres, Gênes fit des levées exceptionnelles en Corse pour renforcer sa petite armée numériquement inférieure. Comme d’habitude, la Sérénissime sollicita des officiers issus des familles influentes de l’île (Baciocco, Bozzi, Casabianca, Gentile, Istria, Ornano, Ristori etc.) pour mener à bien les opérations de recrutement.
Gênes sortit victorieuse de ces guerres frontalières grâce à l’emploi massif et déterminant des compagnies corses. En effet, en 1625, un millier d’insulaires furent recrutés dans l’urgence, portant l’effectif total des Corses servant dans l’armée génoise à 2 000 hommes environ, soit plus de 15% des effectifs de l’armée de terre ligure. En 1672, l’armée génoise compta plus de 3 000 Corses dans ses rangs, soit environ 30% des effectifs de la République engagés sur le front.
Au cours de ces conflits, des compagnies insulaires entières furent décimées ou détruites au cours de combats furieux.
La brillante conduite des soldats et des officiers corses sur les différents théâtres d’opérations prouve, si besoin en était, que les Corses ne se sont certainement pas battus seulement pour de l’argent ou pour la gloire, mais vraisemblablement aussi par patriotisme. La hargne et l’acharnement mis à défendre des positions de combat, abandonnées de tous, ne peuvent s’expliquer autrement. Contrairement à des idées reçues, la Sérénissime n’oublia jamais ses fidèles serviteurs corses et les récompensa toujours à leur juste valeur.

– 14 h 30 Dr Michel PIERACCI. Les forêts de Corse et l’arsenal de Toulon, de la deuxième moitié du XVIIème siècle au début du XIXème siècle.

L’arsenal de marine est une «entreprise xylophage» qu’il faut alimenter régulièrement de bois de construction. Un seul vaisseau de cent canons exige cent mille pieds cubes de chêne. On a pu dire ainsi que « des forêts entières voguaient sur la mer ».
Les grandes forêts de Corse représentaient une source considérable dont la valeur potentielle était immense dans la mesure où elles offraient des bois propres à la marine et où s’ouvraient, désormais, devant elles les marchés des arsenaux français, notamment celui de Toulon.
Or, de 1755 à 1769, la Corse ne figurait pas parmi les fournisseurs des bois achetés par l’arsenal de Toulon, pour la raison essentielle qu’un rapport défavorable avait jeté le discrédit sur l’exploitation des forêts de l’île, à la suite des visites ordonnées par le ministre de la Marine Maurepas en 1738. Ce ne sera qu’en 1768 qu’une nouvelle exploration commanditée par l’arsenal de Toulon lèvera cet interdit et confirmera l’aptitude à l’emploi des bois corses pour la construction navale.
La participation de la France, auprès des « Insurgents » dans la guerre d’indépendance américaine, allait étendre le conflit en Méditerranée, stimulant du même coup l’activité de l’arsenal dont les besoins urgents en bois de construction rendirent indispensables l’appel aux bois corses, sans lesquels les travaux de l’arsenal n’auraient pu continuer. Au cours de la période révolutionnaire de 1791 à 1798, la trahison de Toulon, livrant le port aux Anglais en août 1793, et l’épisode du Royaume anglo-corse perturbèrent fortement l’activité de l’arsenal et les échanges avec l’île ne reprirent qu’en 1797.
Le Consulat et l’Empire ne négligèrent pas l’exploitation forestière en Corse et la puissance de la marine. De 1800 à 1815, l’arsenal de Toulon construisit quatre-vingt bâtiments de toutes espèces et les soumissions de bois corse et de goudron perdurèrent.
Plus conséquent encore fut l’engagement de grands travaux en 1811 et 1812, sous l’autorité de l’arsenal de Toulon pour améliorer les routes d’exploitation forestière entre la forêt d’Aïtone et Sagone, ainsi qu’entre la forêt de Vizzavona et Ajaccio.
Cette politique de « développement durable » allait consacrer le roi des pins, le pin laricio.

– 15 h Mlle Frédérique VALERY. « La Madonna della Colonna « ou l’étude d’une monographie originale dans la peinture corse de la fin du XVIème siècle.

Nous entendons étudier le retable intitulé « la Madonna alla colonna » ou « la Vierge à la colonne remettant le scapulaire à trois saints » réalisé à la fin du XVIe siècle. Â ce jour, c’est l’unique représentation picturale de la Vierge à la colonne découverte en Corse.
Tandis que le culte de la Vierge à la colonne apparaît à Saragosse dès le XIIIe siècle et se répand durant la période baroque dans certains espaces de Méditerranée telle que la Ligurie et la Sardaigne, il semble plus discret en Corse. Ce tableau, conservé dans l’église Santa Maria Assunta de Canari dans le Cap-Corse, peut être attribué au maître d’Ersa ou à Giuliano Sarzanna ; il a été conçu pour orner l’autel de confrérie de Notre-Dame du Mont-Carmel.
En plus d’illustrer une thématique originale, ce retable offre une triple thématique qui se traduit, dans un premier temps, par l’image de la Vierge à l’Enfant surmontant une colonne, puis par le couronnement de la Vierge Marie, tandis que l’on peut également observer la Vierge remettant le scapulaire à saint Charles Borromée et à deux carmes sous le regard implorant des âmes du Purgatoire. Cette œuvre de style maniériste suscite un grand nombre d’interrogations : ce choix iconographique est-il seulement lié à l’influence des confréries du Carmel ? Comment peut-on expliquer la présence de cette œuvre dans ce village du Cap-Corse ? Cette thématique traduit-elle le souhait des commanditaires ou celui de l’artiste ?
Il nous a semblé intéressant de réfléchir à ce sujet afin de démontrer que, durant des siècles, la Corse a été une terre d’échanges au sein du bassin méditerranéen, ce que suggère les multiples apports et influences artistiques dont l’île a bénéficié et qui sont encore visibles de nos jours.

– 15 h 30 M. Louis ORSINI: Le régime juridique des arrêtés Miot.

Depuis leur adoption sous le Consulat, tout semble avoir été dit sur cette législation particulière, sui generis, communément passée à la postérité sous l’appellation quelque peu énigmatique d’ « arrêtés Miot », que la rumeur publique considère généralement comme la manifestation de faveurs consenties par Napoléon envers son Île natale.
Une étude exhaustive des fonds d’archives permet néanmoins de contredire un certain nombre d’idées reçues qui ont fortement contribué à en fausser le sens, la nature et la portée.
Plus précisément, l’analyse juridique de l’œuvre normative réalisée par l’administrateur général des départements du Golo et du Liamone, brève mais intense entre mars 1801 et octobre 1802, replacée dans son contexte historique, apporte des réponses précises aux multiples interrogations qui sont restées sans réponse ou ont fait l’objet de développements approximatifs voire erronés :

– Quelle était l’étendue concrète des pouvoirs confiés à Miot et celle de son administration?

– Miot a-t-il exédé ses pouvoirs en intervenant dans le domaine de la loi?

– Quelle étatit la nature juridique des actes pris par l’administrateur général?

– Ces actes pouvaient-ils subsister au rétablissement de l’ « empire de la Constitution »?

– Comment interpréter les dispositions fiscales édictées par l’article III du 21 prairial an IX ( 10 juin 1801 ) concernant l’enregistrement en matière de droits de succession?

Les développements de notre communication s’attacheront à apporter des réponses circonstanciées à l’ensemble de ces questions.

– 16 h Mlle Karine FRANCESCHI: La gestion juridique des biens communaux corses.

Ma thèse s’intitule « La gestion des biens communaux corses ». Cette analyse porte sur deux axes de recherches :
Le premier est historique puisque je me suis attachée à présenter la gestion des biens communaux durant le XVIIIème et XIXème siècle. Y sont développés l’utilité et les intérêts de ces terres mais aussi et surtout les différents modes d’exploitation.
Le second est orienté sur une analyse actuelle de la gestion de ces terres. Y sont présentés un état des lieux et une analyse des possessions des communes insulaires ainsi que des exemples pertinents de partage et notamment celui de trois communes : PIETROSELLA, ALBITRECCIA ET QUASQUARA.
La conclusion met en avant les enjeux d’une valorisation des biens communaux inexploités.

– 16 h 30 M. Xavier CASIMIRI: Le jury en Corse entre 1800 et 1850.

Suite à nos entretiens téléphoniques je vous confirme mon intérêt à participer à ce colloque au cours duquel j’aborderai une partie du sujet de mon exposé savoir le jury en Corse entre 1800 et 1850.
Cette période me semble la plus intéressante en ce qu’elle touche au droit pénal et à l’histoire de la Corse et qu’elle est la plus marquante en ce qui concerne spécifiquement le jury en Corse puisque la Corse resta durant la première partie de la période sans bénéficier du concours du jury criminel aux décisions les plus graves. De plus les reproches qui sont adressés à l’île durant cette période sont quasi-identiques à ceux que l’on retrouve aujourd’hui (essentiellement dans les années 1990) adressés aux jurés insulaires.
J’aborderai donc les causes de la suspension du cours de cette institution dans plusieurs départements de France (dont la Corse), le fait qu’elle a été « oubliée » lorsque sera mis fin au régime impérial, les différentes interrogations relatives à la possibilité de rétablir le jugement par les pairs dans l’ordre non seulement à la Cour mais également dans l’île, puis de manière comparative la situation en Corse et dans d’autres départements suite à la ré-introduction du jury.