Conférence du 24 mars 2012
MINES ET MINEURS DE CORSE
Par Alain GAUTHIER – Professeur Agrégé
Samedi 24 mars 2012, à 16 heures
Salle des Congrès, Théâtre de Bastia
MINES ET MINEURS DE CORSE
La présence de plus de 400 indices minéralisés recensés à ce jour en Corse et l’existence, à la fin du 19ième siècle et au début du 20ième siècle, de quelques exploitations momentanément rentables ont pu faire croire à l’importance du potentiel minier de l’île.
La diversité des formations géologiques insulaires, l’histoire complexe de leur mise en place expliquent l’extrême variété des minerais découverts en Corse.
A l’exception de l’or qui n’a jamais été mis en évidence de façon formelle et du diamant inexistant, on trouve dans l’île tous les minerais, au moins à l’état de traces : cuivre (Cu), plomb (Pb), zinc (Zn), argent (Ag), antimoine (Sb), arsenic (As), bien sûr, mais aussi nickel (Ni), magnésium (Mg), fer (Fe), manganèse (Mn), sans oublier molybdène, tungstène, étain, bismuth, fluor, baryum, terres rares, cobalt, minerais uranifères, etc…
On trouve également un gisement d’anthracite (C) à Osani et de l’amiante, longtemps exploitée en carrière, en particulier à Canari, dans le Cap Corse.
Cette énumération ne doit toutefois pas faire oublier que la dernière exploitation minière a fermé ses portes en 1965.
L’exploitation minière en Corse :
une longue histoire dont on présente les principaux épisodes
Les archéologues ont prouvé que du cuivre était fondu dans les environs d’Aleria, il y a plus de 3000 ans. Si rien ne permet d’affirmer l’utilisation de minerais corses, rien ne vient l’infirmer.
La présence de sites d’utilisation proches des gîtes miniers – cas du gisement de cuivre de Linguizetta – plaide pour l’utilisation de minerais autochtones ; cependant l’absence, dans les textes de l’Antiquité, de toutes référence aux richesses minerais de l’île et l’inexistence de vestiges de travaux miniers antiques en font douter.
Les premières preuves écrites de l’exploitation des minerais insulaires datent du milieu du 16ième siècle, lors des tentatives de mise en valeur de la mine de fer de Farinole.
Au 17ième et 18ième siècles, les écrits sur les mines se multiplient. L’exploitation ou la volonté d’exploitation de plusieurs gisements sont successivement attribuées au Roi Théodore puis à Pascal Paoli. Les minerais recherchés sont alors le fer, le cuivre, le plomb et l’argent.
Après l’annexion de la Corse en 1768, plusieurs « missions minières » sont envoyées dans l’île. En 1771, la mission Besson découvre l’antimoine à Ersa. En 1820, la mission Gueymard examine plusieurs gisements.
En 1810, la publication du Code Minier permet de mieux connaître la suite de cette longue histoire.
Vingt et un gisements ont ainsi fait l’objet d’une concession et/ou d’une exploitation entre 1840 et 1958 et dix gisements supplémentaires ont fait l’objet de recherches sérieuses.
Plusieurs gisements sont exploités par des capitaux étrangers. Pour réduire le surcoût du transport du minerai peu riche, on crée une fonderie à Francardo et une d’Antimoine à Toga.
Les deux guerres mondiales portent un coup fatal à l’exploitation minière. Seules subsistent un temps les mines de plomb argentifère de la Finosa (fermée en 1958) et d’amiante de Canari (1) ( fermée en 1965 bien que non épuisée).
Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières a réexaminé l’ensemble des sites miniers au cours des années soixante – dix.
L’avenir de la recherche minière en Corse, du moins à court terme, ne paraît guère prometteur.
La notion de minerai étant essentiellement économique, certains gisements, tel celui de la Finosa, pourraient peut – être devenir rentables un jour, en cas de hausse importante de cours du minerai (réserves estimées à 600000 tonnes à 2,8 % de plomb et 2% de zinc).
La recherche de nouveaux filons d’antimoine pourrait être un autre objectif.