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Auteur/autrice : m7creation

Conférence du 23 septembre 2011

MINES ET MINEURS DE CORSE

Par Alain GAUTHIER – Professeur Agrégé

Vendredi 23 septembre 2011 à 18 heures,

Salle de cinéma – Lycée Finosello – AJACCIO

 

 MINES ET MINEURS DE CORSE
La présence de plus de 400 indices minéralisés recensés à ce jour en Corse et l’existence, à la fin du 19ième siècle et au début du 20ième siècle, de quelques exploitations momentanément rentables ont pu faire croire à l’importance du potentiel minier de l’île.
La diversité des formations géologiques insulaires, l’histoire complexe de leur mise en place expliquent l’extrême variété des minerais découverts en Corse.
A l’exception de l’or qui n’a jamais été mis en évidence de façon formelle et du diamant inexistant, on trouve dans l’île tous les minerais, au moins à l’état de traces : cuivre   (Cu), plomb (Pb), zinc (Zn), argent (Ag), antimoine (Sb), arsenic (As), bien sûr, mais aussi nickel (Ni), magnésium (Mg), fer (Fe), manganèse (Mn), sans oublier molybdène, tungstène, étain, bismuth, fluor, baryum, terres rares, cobalt, minerais uranifères, etc…
On trouve également un gisement d’anthracite (C) à  Osani et de l’amiante, longtemps exploitée en carrière, en particulier à Canari, dans le Cap Corse.
Cette énumération ne doit toutefois pas faire oublier que la dernière exploitation minière a fermé ses portes en 1965.
L’exploitation minière en Corse :
une longue histoire dont on présente les principaux épisodes
Les archéologues ont prouvé que du cuivre était fondu dans les environs d’Aleria, il y a plus de 3000 ans. Si rien ne permet d’affirmer l’utilisation de minerais corses, rien ne vient l’infirmer.
La présence de sites d’utilisation proches des gîtes miniers – cas du gisement de cuivre de Linguizetta – plaide pour l’utilisation de minerais autochtones ; cependant l’absence, dans les textes de l’Antiquité, de toutes référence aux richesses minerais de l’île et l’inexistence de vestiges de travaux miniers antiques en font douter.
Les premières preuves écrites de l’exploitation des minerais insulaires datent du milieu du 16ième siècle, lors des tentatives de mise en valeur de la mine de fer de Farinole.
Au 17ième et 18ième siècles, les écrits sur les mines se multiplient. L’exploitation ou la volonté d’exploitation de plusieurs gisements sont successivement attribuées au Roi Théodore puis à Pascal Paoli. Les minerais recherchés sont alors le fer, le cuivre, le plomb et l’argent.
Après l’annexion de la Corse en 1768, plusieurs  « missions minières » sont envoyées dans l’île. En 1771, la mission Besson découvre l’antimoine à Ersa. En 1820, la mission Gueymard examine plusieurs gisements.
En 1810, la publication du Code Minier permet de mieux connaître la suite de cette longue histoire.
Vingt et un  gisements ont ainsi fait l’objet d’une concession et/ou d’une exploitation entre 1840 et 1958  et dix gisements supplémentaires ont fait l’objet de recherches sérieuses.
Plusieurs gisements sont exploités par des capitaux étrangers. Pour réduire le surcoût du transport du minerai peu riche, on crée une fonderie à Francardo et une d’Antimoine à Toga.
Les deux guerres mondiales portent un coup fatal à l’exploitation minière. Seules subsistent un temps les mines de plomb argentifère de la Finosa (fermée en 1958) et d’amiante de Canari (1) ( fermée en 1965 bien que non épuisée).

Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières a réexaminé l’ensemble des sites miniers au cours des années soixante – dix.
L’avenir de la recherche minière en Corse, du moins à court terme, ne paraît guère prometteur.
La notion de minerai étant essentiellement économique, certains gisements, tel celui de la Finosa, pourraient peut – être devenir rentables un jour, en cas de hausse importante de cours du minerai (réserves estimées à 600000 tonnes à 2,8 % de plomb et 2% de zinc).
La recherche de nouveaux filons d’antimoine pourrait être un autre objectif.
Alain Gauthier
1/  Attention, l’amiante est une substance non concessible et la réglementation est celle des carrières.

Troisième Tribune des Chercheurs du 24 juin 2011

L’HISTOIRE MEDIEVALE
Par les docteurs et doctorants de l’Université de Corse
Sous la direction de M. Jean-André Cancellieri, professeur de l’université

Bastia 24 juin 2011
RESUMES DES INTERVENTIONS

1- Corrado ZEDDA : Un nuovo percorso di ricerca storiografica : il « corridoio tirrenico » nel Medioevo.
L’idea principale che desidero presentare riguarda la verifïca dell’esistenza e delle caratteristiche di quello che si è scelto di chiamare « corridoio tirrenico », lo spazio geopolitico che durante il Medioevo attraversa Pisa, Corsica e Sardegna e che ha corne sbocco le piazze commerciali ziridi e fatimidi dell’Africa mediterranea.
Il termine « corridoio tirrenico » non è mai stato usato esplicitamente, ma esso è stato in un certo senso supposto da chi ha lavorato sulla politica pontificia nel Tirreno durante l’XI secolo. Infatti, una sorta di spazio tirrenico in cui si trovavano inscrite Sardegna e Corsica era stato immaginato dai pontefici romani durante l’alto Medioevo quando le due isole tirreniche, relitto dell’antico Esarcato d’Africa bizantino, giocarono un ruolo cruciale per la difesa della penisola italica dall’invasioni musulmane. Durante la seconda metà dell’XI secolo, la Chiesa romana maggiormente svincolata dal controllo imperiale, ha la possibilità di dare concretezza politica a quello spazio tirrenico da lei rivendicato e questo avviene soprattutto per l’azione di alcuni papi riformisti, in particolare Gregorio VII, che nella Corsica e nella Sardegna continuavano a riconoscere, tradizionalmente, parte del « Patrimonium sancti Pétri ».
Un primo aspetto che si intende esaminare concerna la peculiarità di tale corridoio, fatto di terre, coste, porti, sistemi di navigazione, nello spazio sardo-corso ed oltre, specialmente in relazione all’operato dei pontefici romani della Riforma. Altro apetto è quello delle rotte commerciali, col tentative di trasformazione di questo spazio da economico a politico da parte dei comuni di Pisa e di Genova a partire del XII secolo. L’ultimo aspetto riguarda taluti spunti strutturali dell’interazione medievale tra Sardegna e Corsica.

2- Damien BROC : Les relations commerciales entre la Corse et Gênes durant les soixante premières années du second gouvernement de Saint-Georges (c. 1483 – c. 1540).
La Corse du Moyen Âge ne correspond pas à l’image parfois véhiculée d’une île recluse. La proximité géographique et les liens politiques entre la Corse et les puissantes villes commerçantes de Pise et de Gênes favorisaient, dès au moins le XIIIe siècle, le développement de relations commerciales internationales assez denses. Ainsi, au Duecento, Bonifacio jouait le rôle d’une authentique plaque tournante entre la Corse, la Sardaigne et Gênes. Toutefois, c’est véritablement à partir du XIVe siècle que le commerce avec l’Italie continentale connaissait un essor considérable.
Dans le cadre de mon exposé, je porterai mon regard sur les rapports commerciaux entre la Corse et Gênes à la fin XVe siècle et au début du XVIe siècle (1483-1540). D’une part, parce que s’ouvrait alors en Corse une ère politique nouvelle qui n’était pas sans conséquence sur le commerce insulaire. Les Génois prenaient alors fermement en main le gouvernement de l’île pour près de trois siècles et entendaient désormais maîtriser les échanges commerciaux insulaires et les orienter en fonction de leurs finalités politiques et des besoins alimentaires de leur mère-patrie.
D’autre part, les années 1483-1540 constituent une période d’autant plus intéressante pour la connaissance du commerce insulaire que la structure des sources conservées s’enrichit de registres des douanes génoises. Or, une étude quantitative de ces livres de comptes permet de répondre partiellement à des questions importantes qui demeuraient en suspens, malgré l’exploitation des nombreux actes notariés génois du XVe siècle, à savoir : quelle était la part exacte des importations et des exportations corses dans l’ensemble du commerce maritime génois ? Quelle était l’importance respective des différents ports corses ?

3- Vannina MARCHI VAN CAUWELAERT : Élites locales et « coloniales » en Corse à la fin du Moyen Âge. Éléments de prosopographie comparée.
Cette communication, fondée essentiellement sur l’étude des lettres conservées dans les Primi Cancellieri di San Giorgio, vise à analyser les aspects sociaux et culturels de la construction d’un Etat territorial génois en Corse, à la fin du Moyen Âge. Centrée sur la notion d’élites, qui renvoie à l’exercice du pouvoir, à la possession des richesses, mais également à l’idée d’une reconnaissance sociale, l’étude tentera d’éclairer les critères matériels et idéologiques de la définition des groupes dirigeants dans l’île, et leur évolution sous l’autorité génoise. Dans la Corse médiévale la notion d’élites opposait deux groupes distincts, les Corses (Cinarchesi, Capurali et principali) et les administrateurs génois. Or à la fin du XVe siècle, la naissance d’une autorité publique génoise engendre une unification théorique des élites locales et « coloniales » sous la bannière de Saint Georges. Dès lors il convient de s’interroger sur les modalités culturelles et sociales de cette unification. Peut-on parler d’une acculturation totale des élites locales au modèle génois ? Y-a-t-il eu, au contraire, des zones de résistance favorisées par l’insularité ?
Au moyen d’une prosopographie comparée des élites locales et « coloniales », nous tenterons de répondre à ces questions et de déterminer l’évolution des critères de définition matérielle (habitat, ressources), politique (modalités d’exercice du pouvoir et idéologie) et culturelles (représentations) des groupes dirigeants insulaires entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle.

4- Antoine FRANZINI : Le parti populaire corse et le château de Petra Larata au XVe siècle.
Le château de Petra Larata, parfois nommé Petr’ellerata, perché sur un éperon rocheux inaccessible à proximité du village de Zuani, au carrefour des pievi de Rogna, de Serra et de Bozio, contrôlait la région du centre de l’île, et plus spécialement la plaine d’Aleria, jusqu’à la construction du château de Corti. Difficile d’accès, détruit à la fin du XVe siècle, il est mal connu de l’historiographie de la Corse. C’est, peut-être, que les seigneurs Cortinchi qui le tenaient sont eux-mêmes peu documentés et peu étudiés. A l’époque qui nous occupe, Mariano Cortinco da Gaggio, puis son fils Giudicello, qui appartenaient à la noblesse, prirent la tête du parti populaire de l’île, qui rompait alors avec ses chefs historiques, les caporaux.

5- Denis LUCIANI : La géopolitique corso-sarde dans l’affrontement Islam-Chrétienté au Moyen Âge : l’image des îles dans les sources arabo-musulmanes.
Cette étude est conduite à travers l’analyse des assez rares textes musulmans du Moyen Âge qui évoquent la Corse, de manière directe ou indirecte. A travers ces sources il est difficile de percevoir le statut réel des deux îles de la Méditerranée occidentale, l’image de la population qui les habite, y compris du point de vue religieux. Ces îles sont ressenties comme des univers neutres, zones tampons, à l’équilibre fragile, entre forces chrétiennes et musulmanes, ce dont les puissances d’Ifriqiya ou d’al Andalus semblaient assez bien s’accommoder dans la mesure où ces îles ne servaient pas de bases d’attaque contre elles. Leur conquête aurait sans doute nécessité l’emploi de moyens militaires importants que califats et émirats ne pouvaient pas ou ne voulaient pas mettre en œuvre.
La vision de la Corse au temps de la « Reconquista » et des croisades reste presque immobile dans le monde musulman : les historiens et géographes arabes ne scrutent pas la nature « indigène » de cette île, comme d’ailleurs de la Sardaigne. Ces îles sont appréhendées comme si seuls en comptaient vraiment les contours. L’image de l’ensemble corso-sarde évoque un micro-continent fracturé, à la domination incertaine ou temporaire.
Cette observation conduit à définir la perception de la Corse transmise par les géographes et historiens musulmans du Moyen Âge comme un univers indéterminé, « neutre » et strictement frontalier, prolongement de la Sardaigne. L’espace des deux îles ainsi identifié est celui du contact, de la confrontation entre Islam et Chrétienté. C’est une vision qui à la fois témoigne d’une réalité géo-politique et permet de reconstituer « en creux » le jeu des diverses politiques navales musulmanes en Méditerranée occidentale. Certaines de ces actions stratégiques trouveront des prolongements au XVIe siècle lors de la poussée turco-barbaresque.

6- Emilie TOMAS : Approche archéologique de l’habitât du second Moyen Age de la piève de Rostino (Haute-Corse).
Entre 2004 et 2010, différentes investigations de terrain ont été réalisées dans le territoire de Rostino. Ces opérations consacrées à l’habitat devaient permettre de caractériser les formes et les rythmes de cette occupation.
L’accent a donc été mis sur la maison et ses aménagements ainsi que sur les activités économiques de ce peuplement, qui ont pu être appréhendés grâce aux opérations archéologiques. Les résultats de ces investigations permettent de comprendre les techniques de construction des habitations, qui sont édifiées avec des moellons liés à la terre argileuse. L’examen de la structuration des unités cellulaires, leurs dimensions et le mobilier découvert sont des indications sur la fonction de ces pièces qui sont des espaces de vie et de travail. La culture matérielle, caractérisée par l’abondance de la céramique fine d’importation, est un témoignage des échanges commerciaux négociés essentiellement avec les ateliers pisans. En échange de ce mobilier, des matières premières – laine, peaux, agneaux de lait etc. – devaient être exportées. Les données archéologiques conjuguées aux sources écrites indigentes permettent de constater que les formes et les fonctions de ces habitats varient : unité d’exploitation, maison tour, embryon de village. Au-delà de ces caractères, le peuplement se distingue par la stabilité des lieux d’implantation, le maintien du nombre d’habitat et surtout la croissance démographique.

7- Anne DOR : Caractéristiques et fonctions des tours et des maisons de notables durant le Moyen Âge tardif: état de la recherche dans les villages du nord-est de la Corse.
Il y a une vingtaine d’années, les archéologues médiévistes furent les premiers à s’intéresser à l’habitat villageois insulaire en pratiquant des fouilles dans plusieurs sites désertés ; celles-ci sont toujours d’actualité (G. Giovannangeli, D. Istria). Depuis cette époque, historiens et archéologues locaux n’ont cessé d’affiner les résultats de recherches concernant l’habitat médiéval de certaines pièves médiévales : maisons nobles ou fortes du Sud (L. Poncin, R. Chessa…) et maisons paysannes septentrionales (A. Franzini, D. Istria, E. Tomas…). Or, certains villages corses du Nord ont également conservé de nombreux vestiges médiévaux d’édifices civils soignés et plus prestigieux que ces modestes maisons qui, elles, nous ont rarement laissé des murs en élévation. Ces données initiales sont extraites de la préparation d’une thèse de doctorat dont la problématique essentielle portera sur les éventuels commanditaires et occupants de ces types d’édifices peu connus.
La documentation archivistique concernant le rural corse est squelettique. La découverte dans les archives génoises d’un document datant des premières années du XVIe siècle a heureusement stimulé ma recherche puisqu’il y est question de plus de quarante torre de Castagniccia dont la dénomination est certainement à prendre dans le sens large d’édifices imposants et remarquables. À la fin du Moyen Âge, les caractéristiques principales de la construction de tels bâtiments, matériaux et techniques, étaient tributaires des ressources géologiques et humaines locales ainsi que du contexte historico-politique. Leurs dimensions et des éléments architecturaux, principalement visibles au niveau des ouvertures, reflètent une architecture spécifiquement médiévale. Trois types morphologiques principaux s’en dégagent. Aujourd’hui, ils sont encore souvent repérables, malgré les nombreuses modifications, altérations ou ajouts subis par les édifices depuis cinq siècles. Il était également important de retrouver les différentes fonctions qu’en avaient attendues primitivement les commanditaires. Joint à des données archivistiques et écrites maigres, ce complément d’information aidera certainement à dégager les traits spécifiques de cette strate sociale privilégiée présente dans plusieurs villages corses à l’aube des Temps modernes.

8- Paola CAMUFFO : Protomi antropomorfe, spunti di riflessione sulla decorazione architettonica negli edifici religiosi insulari.
L’oggetto dell’intervento verterà sulla tematica della decorazione scultorea ricorrente in alcuni edifici di culto a stampo romanico-pisano presenti nel contesto insulare. L’architettura religiosa corsa, per quanto riguarda la metà del XII secolo, vede fiorire una série di edifici capillarmente diffusi sul territorio che trovano moite somiglianze nelle regioni limitrofe toscane e sarde.
In questa sede verrà preso in esame un carattere specifîco di tali similitudini, ovvero la decorazione scultorea dei numerosi peducci, archetti e centine di monofore, ornati con motivi antropomorfi.
La problematicità insita nell’analisi storica di tali tracce archeologiche e l’intéresse che ne dériva, non riguarda solo la tecnica esecutiva ma una série di questioni che ne scaturiscono, considerando il contesto e l’uso per il quale il manufatto è stato impiegato.
Pertanto, pur non tralasciando una descrizione fisico-iconologica dei soggetti in questione, avanzero una proposta di lettura critica sull’elemento magico apotropaico in sé per poi concludere con una riflessione sulle competenze di coloro che, all’epoca, operavano nell’ambito dell’arte costruttiva.
In maniera specifica, saranno analizzati i seguenti punti:
– Il contesto architettonico religioso in cui sono inscrite le protomi ed il caso del loro reimpiego negli edifici di culto e civili.
– Il fenomeno delle teste apotropaiche: tradizione cultuale antica o semplice scelta decorativa?
– La diffusione delle têtes coupées tra storia e antropologia.
Gli esempi presi in considerazione riguarderanno in prevalenza le cappelle San Quilico di Cambia, la Trinità di Aregno e San Michèle di Murato, edifici presumibilmente della metà del XII secolo, la cui realizzazione è attribuibile ad una stessa maestranza proveniente dalla Toscana.

Colloque du 26 juin 2009

Colloque d’histoire moderne et contemporaine et d’histoire du droit consacré à la Corse, par les doctorants et docteurs de l’Université de Corse, étudiants des professeurs MM. COPPOLANI et SERPENTINI.

Lieu: Salle des délibérations du Conseil Général de Haute-Corse, de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures.

Intervenants: – 9 h 30 M. Denis Jouffroy: La paysage oléicole insulaire à l’épeurve du Plan terrier

Durant près de 25 ans, les ingénieurs et les géomètres du Terrier ont réalisé une véritable photographie du territoire insulaire et, par conséquent, de l’agriculture corse façonnée depuis la fin du XVIe siècle, par la mise en valeur arboricole orchestrée par Gênes. Cette oeuvre magistrale fournit une situation, semble-t-il, détaillée de l’oléiculture corse à la fin du XVIIIe siècle. Pour chaque communauté, a été réalisé un recensement des pieds d’oliviers, des terres oléicoles et des espaces susceptibles d’être voués à cet arbre.
Les résultats montrent une importance relative de cette culture sur l’ensemble du territoire avec des disparités régionales fortes. En revanche, les zones oléicoles historiques de l’île (la Balagne, le Nebbiu, le Cap-Corse…) apparaissent clairement.
Cependant, une analyse minutieuse des données du Terrier, associée à d’autres sources historiques, fait apparaître certaines incohérences concernant la corrélation entre surfaces oléicoles et nombre d’oliviers répertoriés. Le traitement des informations relevées n’a, semble t-il, pas connu une rigueur constante sur l’ensemble de l’espace insulaire.

– 10 h Dr Paul GHERARDI: De la conquête française à la Restauration: la médecine en Corse au temps de Napoléon.

L’époque de l’annexion française est, pour la Corse, celle de la rupture avec son passé pluriséculaire de domination génoise et surtout celle de la fin de l’Etat-nation de Pasquale Paoli mis en place en 1755.
Elle annonce les prémices de l’intégration de l’Île à la nation française dont Napoléon fut le promoteur, pour ne pas dire la clef de voûte.
Intégrant cette donne, notre étude apporte un éclairage sur la médecine en Corse durant la période de 1769 à 1821 en s’attachant à faire le point sur ses différents aspects : celui de l’installation d’hôpitaux militaires dans les principales villes ; celui de la population médicale locale et de sa formation ; celui des facteurs de morbidité, en mettant l’accent sur le cas des enfants abandonnés ; celui des maladies répandues dans l’île ainsi que des moyens thérapeutiques existant alors et permettant de lutter contre certaines d’entre elles.

– 10 h Mlle Laetizia CASTELLANI: La perception de la mort en Balagne: Permanences et évolutions de la fin du XVIIème siècle à la fin du XIXème siècle.

La mort est la dernière des grandes étapes de la vie en donne lieu pour le chrétien au dernier des sacrements. En Balagne, comme ailleurs, sa perception a évolué au fil du temps. Les testaments sont un bon poste d’observation des pratiques autour de la mort, à un moment donné. A l’époque moderne, ils restent fortement marqués par la piété baroque. Celle-ci se caractérise par la présence, autour du corps du défunt, d’un clergé nombreux et par de multiples clauses pieuses.Le passage de la « mort de soi » à « la mort de l’autre » ne se fait pas ici de manière brutale.Les premiers signes d’un changement apparaissent à la fin du XVIIIe siècle. Parallèlement, les testaments perdent, peu à peu, leur vocation religieuse et deviennent davantage des actes juridiques à organiser la dévolution du patrimoine.
Autre évolution importante dans le rapport à la mort, les défunts sortent des églises pour peupler désormais les cimetières qui, avec le développement du culte du souvenir, deviennent le lieu d’expression privilégié de la « mort de toi ».

– 11 h Dr Gérard CIANELLI: Le contrat de mariage dans la communauté de Tavagna au XVIIIème siècle.

La communication portera sur les contrats de mariage et plus particulièrement sur :
– L’étude chiffrée des dots dans les contrats de mariage, rédigés entre 1754 et 1787 (les contrats de mariages, comme les actes testamentaires sont les plus riches sources d’information pour le classement social de la population) .
– Les stratégies matrimoniales 1754-1787 : qui épouse qui .
– Les sentiments et le mariage (en dehors de ce contrat toute relation est déclarée illégitime) .
– La composition de la dot.
– La comparaison entre la dot et la part d’héritage des filles.
– Les dots dans les actes autres que les contrats de mariage, quittances de versement, cas du décès de l’épouse, estimations de dots et conflits au sujet du versement de la dot.

– 11 h 30 Mlle Vanessa ALBERTI: Le commerce de la librairie en Corse de 1810 à 1848.

Objet d’enseignements, de découvertes ou de divertissements, le livre représente également un produit inséré dans un réseau commercial.
Après des débuts timides en Corse, la librairie prend de l’ampleur avec la législation de 1810, mise en place par Napoléon. Celle-ci établit des règles strictes pour le métier de libraire mais aussi pour la librairie venant de l’étranger.
Des libraires s’établissent à Bastia et à Ajaccio sous la Restauration et la Monarchie de Juillet et ce, malgré le marché restreint.
La profession est alors très hétérogène : allant du quincaillier qui vend quelques ouvrages sur ses étalages aux grands libraires qui ouvrent des cabinets de lecture et entretiennent des relations avec leurs homologues du continent comme la maison Hachette.
L’étude des publicités, concernant les diverses publications présentes dans les colonnes des journaux, permet, quant à elle, d’établir leur catalogue et d’appréhender ainsi les goûts des lecteurs insulaires.

– 12 h M. Jean-Baptiste RICCI: Les soldats corses au service de Gênes dans les guerres contre la Savoie au XVIIème siècle.

 

La Savoie, cherchant à étendre son territoire donnant sur la mer, entra souvent en conflit avec Gênes pour lui enlever une partie de la Rivière du ponant. Les difficultés de voisinage atteignirent leur paroxysme à deux reprises, en 1625 et 1672.
Lors de ces guerres, Gênes fit des levées exceptionnelles en Corse pour renforcer sa petite armée numériquement inférieure. Comme d’habitude, la Sérénissime sollicita des officiers issus des familles influentes de l’île (Baciocco, Bozzi, Casabianca, Gentile, Istria, Ornano, Ristori etc.) pour mener à bien les opérations de recrutement.
Gênes sortit victorieuse de ces guerres frontalières grâce à l’emploi massif et déterminant des compagnies corses. En effet, en 1625, un millier d’insulaires furent recrutés dans l’urgence, portant l’effectif total des Corses servant dans l’armée génoise à 2 000 hommes environ, soit plus de 15% des effectifs de l’armée de terre ligure. En 1672, l’armée génoise compta plus de 3 000 Corses dans ses rangs, soit environ 30% des effectifs de la République engagés sur le front.
Au cours de ces conflits, des compagnies insulaires entières furent décimées ou détruites au cours de combats furieux.
La brillante conduite des soldats et des officiers corses sur les différents théâtres d’opérations prouve, si besoin en était, que les Corses ne se sont certainement pas battus seulement pour de l’argent ou pour la gloire, mais vraisemblablement aussi par patriotisme. La hargne et l’acharnement mis à défendre des positions de combat, abandonnées de tous, ne peuvent s’expliquer autrement. Contrairement à des idées reçues, la Sérénissime n’oublia jamais ses fidèles serviteurs corses et les récompensa toujours à leur juste valeur.

– 14 h 30 Dr Michel PIERACCI. Les forêts de Corse et l’arsenal de Toulon, de la deuxième moitié du XVIIème siècle au début du XIXème siècle.

L’arsenal de marine est une «entreprise xylophage» qu’il faut alimenter régulièrement de bois de construction. Un seul vaisseau de cent canons exige cent mille pieds cubes de chêne. On a pu dire ainsi que « des forêts entières voguaient sur la mer ».
Les grandes forêts de Corse représentaient une source considérable dont la valeur potentielle était immense dans la mesure où elles offraient des bois propres à la marine et où s’ouvraient, désormais, devant elles les marchés des arsenaux français, notamment celui de Toulon.
Or, de 1755 à 1769, la Corse ne figurait pas parmi les fournisseurs des bois achetés par l’arsenal de Toulon, pour la raison essentielle qu’un rapport défavorable avait jeté le discrédit sur l’exploitation des forêts de l’île, à la suite des visites ordonnées par le ministre de la Marine Maurepas en 1738. Ce ne sera qu’en 1768 qu’une nouvelle exploration commanditée par l’arsenal de Toulon lèvera cet interdit et confirmera l’aptitude à l’emploi des bois corses pour la construction navale.
La participation de la France, auprès des « Insurgents » dans la guerre d’indépendance américaine, allait étendre le conflit en Méditerranée, stimulant du même coup l’activité de l’arsenal dont les besoins urgents en bois de construction rendirent indispensables l’appel aux bois corses, sans lesquels les travaux de l’arsenal n’auraient pu continuer. Au cours de la période révolutionnaire de 1791 à 1798, la trahison de Toulon, livrant le port aux Anglais en août 1793, et l’épisode du Royaume anglo-corse perturbèrent fortement l’activité de l’arsenal et les échanges avec l’île ne reprirent qu’en 1797.
Le Consulat et l’Empire ne négligèrent pas l’exploitation forestière en Corse et la puissance de la marine. De 1800 à 1815, l’arsenal de Toulon construisit quatre-vingt bâtiments de toutes espèces et les soumissions de bois corse et de goudron perdurèrent.
Plus conséquent encore fut l’engagement de grands travaux en 1811 et 1812, sous l’autorité de l’arsenal de Toulon pour améliorer les routes d’exploitation forestière entre la forêt d’Aïtone et Sagone, ainsi qu’entre la forêt de Vizzavona et Ajaccio.
Cette politique de « développement durable » allait consacrer le roi des pins, le pin laricio.

– 15 h Mlle Frédérique VALERY. « La Madonna della Colonna « ou l’étude d’une monographie originale dans la peinture corse de la fin du XVIème siècle.

Nous entendons étudier le retable intitulé « la Madonna alla colonna » ou « la Vierge à la colonne remettant le scapulaire à trois saints » réalisé à la fin du XVIe siècle. Â ce jour, c’est l’unique représentation picturale de la Vierge à la colonne découverte en Corse.
Tandis que le culte de la Vierge à la colonne apparaît à Saragosse dès le XIIIe siècle et se répand durant la période baroque dans certains espaces de Méditerranée telle que la Ligurie et la Sardaigne, il semble plus discret en Corse. Ce tableau, conservé dans l’église Santa Maria Assunta de Canari dans le Cap-Corse, peut être attribué au maître d’Ersa ou à Giuliano Sarzanna ; il a été conçu pour orner l’autel de confrérie de Notre-Dame du Mont-Carmel.
En plus d’illustrer une thématique originale, ce retable offre une triple thématique qui se traduit, dans un premier temps, par l’image de la Vierge à l’Enfant surmontant une colonne, puis par le couronnement de la Vierge Marie, tandis que l’on peut également observer la Vierge remettant le scapulaire à saint Charles Borromée et à deux carmes sous le regard implorant des âmes du Purgatoire. Cette œuvre de style maniériste suscite un grand nombre d’interrogations : ce choix iconographique est-il seulement lié à l’influence des confréries du Carmel ? Comment peut-on expliquer la présence de cette œuvre dans ce village du Cap-Corse ? Cette thématique traduit-elle le souhait des commanditaires ou celui de l’artiste ?
Il nous a semblé intéressant de réfléchir à ce sujet afin de démontrer que, durant des siècles, la Corse a été une terre d’échanges au sein du bassin méditerranéen, ce que suggère les multiples apports et influences artistiques dont l’île a bénéficié et qui sont encore visibles de nos jours.

– 15 h 30 M. Louis ORSINI: Le régime juridique des arrêtés Miot.

Depuis leur adoption sous le Consulat, tout semble avoir été dit sur cette législation particulière, sui generis, communément passée à la postérité sous l’appellation quelque peu énigmatique d’ « arrêtés Miot », que la rumeur publique considère généralement comme la manifestation de faveurs consenties par Napoléon envers son Île natale.
Une étude exhaustive des fonds d’archives permet néanmoins de contredire un certain nombre d’idées reçues qui ont fortement contribué à en fausser le sens, la nature et la portée.
Plus précisément, l’analyse juridique de l’œuvre normative réalisée par l’administrateur général des départements du Golo et du Liamone, brève mais intense entre mars 1801 et octobre 1802, replacée dans son contexte historique, apporte des réponses précises aux multiples interrogations qui sont restées sans réponse ou ont fait l’objet de développements approximatifs voire erronés :

– Quelle était l’étendue concrète des pouvoirs confiés à Miot et celle de son administration?

– Miot a-t-il exédé ses pouvoirs en intervenant dans le domaine de la loi?

– Quelle étatit la nature juridique des actes pris par l’administrateur général?

– Ces actes pouvaient-ils subsister au rétablissement de l’ « empire de la Constitution »?

– Comment interpréter les dispositions fiscales édictées par l’article III du 21 prairial an IX ( 10 juin 1801 ) concernant l’enregistrement en matière de droits de succession?

Les développements de notre communication s’attacheront à apporter des réponses circonstanciées à l’ensemble de ces questions.

– 16 h Mlle Karine FRANCESCHI: La gestion juridique des biens communaux corses.

Ma thèse s’intitule « La gestion des biens communaux corses ». Cette analyse porte sur deux axes de recherches :
Le premier est historique puisque je me suis attachée à présenter la gestion des biens communaux durant le XVIIIème et XIXème siècle. Y sont développés l’utilité et les intérêts de ces terres mais aussi et surtout les différents modes d’exploitation.
Le second est orienté sur une analyse actuelle de la gestion de ces terres. Y sont présentés un état des lieux et une analyse des possessions des communes insulaires ainsi que des exemples pertinents de partage et notamment celui de trois communes : PIETROSELLA, ALBITRECCIA ET QUASQUARA.
La conclusion met en avant les enjeux d’une valorisation des biens communaux inexploités.

– 16 h 30 M. Xavier CASIMIRI: Le jury en Corse entre 1800 et 1850.

Suite à nos entretiens téléphoniques je vous confirme mon intérêt à participer à ce colloque au cours duquel j’aborderai une partie du sujet de mon exposé savoir le jury en Corse entre 1800 et 1850.
Cette période me semble la plus intéressante en ce qu’elle touche au droit pénal et à l’histoire de la Corse et qu’elle est la plus marquante en ce qui concerne spécifiquement le jury en Corse puisque la Corse resta durant la première partie de la période sans bénéficier du concours du jury criminel aux décisions les plus graves. De plus les reproches qui sont adressés à l’île durant cette période sont quasi-identiques à ceux que l’on retrouve aujourd’hui (essentiellement dans les années 1990) adressés aux jurés insulaires.
J’aborderai donc les causes de la suspension du cours de cette institution dans plusieurs départements de France (dont la Corse), le fait qu’elle a été « oubliée » lorsque sera mis fin au régime impérial, les différentes interrogations relatives à la possibilité de rétablir le jugement par les pairs dans l’ordre non seulement à la Cour mais également dans l’île, puis de manière comparative la situation en Corse et dans d’autres départements suite à la ré-introduction du jury.